C’est un joyau du patrimoine de la Haute-Garonne, et même l’un des plus vieux ouvrages du département. Le pont de Saint-Martory, au sud de Toulouse, fait l’objet depuis septembre 2024 d’un vaste chantier de rénovation, qui va durer deux ans. Voici ce qu’il s’y passe.
Un pont de 1727, réhabilité… pierre par pierre !
Classé aux Monuments historiques, le pont de Saint-Martory, inauguré il y a quasiment 300 ans, est en travaux. Objectif ? « Le réhabiliter pierre par pierre, en reprenant les techniques de construction utilisées au 18ᵉ siècle », explique le Conseil départemental de la Haute-Garonne, qui a lancé en septembre 2024 le chantier de rénovation de cet édifice hors du temps, et sur lequel de nombreux véhicules circulent chaque jour, sans forcément avoir conscience du patrimoine du site.
Pendant deux ans, une quinzaine d’ouvriers vont se relayer au chevet du pont et des portes de Saint-Martory inscrits à l’inventaire des Monuments historiques. L’objectif de ce chantier est de rénover entièrement les édifices datant de 1727.

Le restaurer « avec les techniques du 18ᵉ siècle »
« Avec le temps, les portes, le pont et les murs de soutènement se sont dégradés, notre mission est de restaurer les ouvrages avec les techniques employées au 18ᵉ siècle », explique Richard Bravard, adjoint au chef de service des ouvrages d’art de la direction des routes au Conseil départemental.
Un chantier à 2 millions d’euros à Saint-Martory
Le coût du chantier est estimé à 2 millions d’euros, dont 1,3 million pour le compte du Département, qui est en charge de la maîtrise d’ouvrage avec la commune. La maîtrise d’œuvre est assurée par le cabinet Letellier architectes et les travaux par la Société gersoise de restauration du patrimoine (SRGP).
Chaque pierre est numérotée et dédiée à un emplacement
Derrière les filets qui entourent le pont, un échafaudage d’une dizaine de mètres de haut a été installé, sur lequel s’affairent les ouvriers, étage par étage… et pierre par pierre.
Des grues descendent les pierres de 300 kilos en différents endroits du pont, afin de prendre la place des anciennes, qui sont abîmées.

Les pierres numérotées une à une !
Comme le détaille Virgil Brault, pour la SGRP, « 70 000 m³ de pierres seront acheminées à Saint-Martory en provenance d’Espagne et de Bourgogne, afin de respecter la matière, le calcaire, et les couleurs, le jaune et le gris ».
Le plus étonnant ? Toutes ces pierres sont numérotées et dimensionnées pour prendre un emplacement dédié. Si besoin, elles peuvent même être retaillées sur place.
De la chaux aérienne, pas de ciment
Autre particulier de ce chantier hors du commun : le ciment y est interdit. « Ici, on utilise de la chaux aérienne, comme lors de la construction du pont en 1727. Un matériau qui était déjà connu des Romains au temps de l’Antiquité », fait valoir le Conseil départemental, qui souligne que c’est une méthode « économe en énergie », émettant « peu de gaz à effet de serre ». Une vieille recette qui n’en est pas moins « très actuelle et en phase avec la bifurcation écologique » que la collectivité appelle de ses vœux.
À savoir enfin que le temps des travaux, la circulation est maintenue sur le pont, sous alternat.
