Le supermarché Lidl de Graulhet, dans le Tarn, va ouvrir ses portes le dimanche matin à partir de début juin 2025. Une annonce qui fait grincer des dents, notamment du côté des enseignes concurrentes de la ville.
Une pétition circule sur internet, des messages sont relayés sur les réseaux sociaux et de nombreuses affiches sont visibles sur des panneaux publicitaires à Graulhet, dans le Tarn. Tout cela pour lutter contre l’ouverture des supermarchés le dimanche, alors que l’enseigne Lidl prévoit d’ouvrir le dimanche matin à partir de juin 2025.
« Il n’y a pas d’intérêt à ouvrir le dimanche »
En première ligne de cette protestation contre l’ouverture le dimanche, Bruno Lefèbvre, gérant du Leclerc de Graulhet. Il craint un effet « domino » : « le fait que Lidl ouvre, toutes les autres enseignes vont suivre, comme Aldi, Netto et même Leclerc, au final… On va tous ouvrir, mais il n’y a pas d’intérêt à ouvrir le dimanche. Aujourd’hui, les magasins sont ouverts six jours sur sept et sont ouvert du lundi au samedi de 8 h 30 à 20 h. Je pense que c’est largement suffisant pour tous les consommateurs, pour arriver à s’organiser, à faire leurs courses. »
Aussi, le budget des clients restera limité quoiqu’il arrive. « Le consommateur a 100 € à dépenser, il n’aura pas 110 €, estime Bruno Lefèbvre. Donc les 100 €, il peut les dépenser du lundi au samedi. Mais si on est ouvert du lundi au dimanche inclus, il y aura toujours 100 €. Donc le chiffre d’affaire va simplement se lisser sur les autres jours de la semaine. Ça ne va pas augmenter son activité économique, c’est juste un lissage de l’activité économique sur sept jours. »
« On n’a pas signé pour ça »
Bruno Lefèbvre s’inquiète aussi du repos de ses employés. D’ailleurs, leur position est très claire : « on n’a pas signé pour ça, prévient Frédérique Barthès, hôtesse de caisse au Leclerc de Graulhet depuis 25 ans. Mais s’il n’y a pas trop le choix, je vais bien être obligée de venir travailler, mais ce ne serait pas forcément pour venir travailler le dimanche. Ou alors vraiment un petit dimanche par mois, pas plus. Après, ça aurait été bien que ce soit sur la base du volontariat, mais ici on n’a pas d’étudiants, c’est très compliqué de trouver des gens qui veulent venir travailler le dimanche. »
D’après un sondage réalisé au Leclerc de Gros hier, 80 % des clients sont contre une ouverture le dimanche. « Le fait d’être ouvert le dimanche de manière pérenne, je pense qu’en terme de gestion des salariés, ça va obliger à faire travailler des gens le dimanche alors qu’ils ne le souhaitent pas », insiste Julie, qui vient au Leclerc chaque semaine. Jacques, lui, n’est pas contre. Il vit à Teyssode, au sud de Graulhet : « à partir du moment où il y a des propositions de faites, s’il y en a qui veulent travailler, c’est bon. Mais s’il n’y a qu’une minorité et que le magasin ne peut pas fonctionner, il n’ouvre pas, c’est tout. Maintenant, inciter les autres à ne pas le faire, je ne sais pas où est l’intérêt. Mais sinon, ce n’est pas le dimanche que je viendrai faire les courses, j’ai autre chose à faire. »
« Ça fera des miettes en moins »
Benoît Deleris, patron de l’enseigne « La Bouch’rit », s’inquiète pour les petits commerces et le marché local : « c’est sûr que ça fera des miettes en moins. Le gars qui va aller au Leclerc, Lidl ou Aldi le dimanche matin, s’il a besoin d’acheter une barquette de fraises, il ne va pas reprendre sa voiture et chercher une place sur le marché pour acheter des fraises. Il va dire ‘tant pis, je les prends là pour une fois’. Et ça, c’est le maraîcher du marché qui les aura vendu en moins ces kilos de fraises. » Ce commerçant redoute une baisse de 30 à 35 % du chiffre d’affaires pour des petites épiceries du centre ville.
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