Les multiples orages des dernières semaines en Haute-Garonne ont rappelé les dégâts massifs que peut causer la grêle sur les cultures. Dans le département, les agriculteurs étaient auparavant protégés par des appareils spécialement conçus pour réduire la taille des grêlons. Mais depuis deux ans, ce n’est plus le cas.
Après les intempéries massives de ce lundi 19 mai, les Ultras de l’A64, collectif d’agriculteurs de Jérôme Bayle, ont tiré la sonnette d’alarme suite aux dégâts de la grêle sur leurs cultures. Jusqu’en 2023, l’Association nationale de lutte contre les fléaux atmosphériques (ANELFA) prévenait ce type d’événement en Haute-Garonne grâce à des appareils permettant de diminuer la taille des grêlons. Mais, faute de moyens, la structure a dû se retirer du département, laissant les phénomènes climatiques causer d’importants dégâts.
Directrice de l’ANELFA depuis plus de vingt ans, Claude Berthet assure : « la grêle a un fort impact sur le milieu agricole. Les assureurs se sont rendu compte que les dégâts de la grêle sont considérables. Mais, en 2023, il a fallu prendre une décision pour la Haute-Garonne car nous n’avions plus les moyens suffisants. »
Née en Haute-Garonne en 1951, l’ANELFA a commencé sa mission un an plus tard avec la mise en place de 19 appareils le long des Pyrénées. L’objectif de l’association est de perturber le processus de grossissement des grêlons. « Des générateurs installés chez des bénévoles vont diffuser des particules à base d’iodure d’argent au niveau des sols. Ensuite, l’orage va venir pomper ces particules qui vont réduire la taille des grêlons », explique Claude Berthet.
L’association consulte chaque jour les prévisions météorologiques. Quand le risque dépasse un certain seuil, il faut alors allumer tous les générateurs, généralement cinq heures environ avant le passage de l’orage. « Le processus n’est pas efficace à 100 % car ce type de phénomène à grande échelle est toujours complexe à prévoir. Il faut intervenir bien en amont pour prévenir au maximum les risques », précise toutefois la directrice de l’ANELFA.
Un générateur à vortex installé pour réduire les dégâts de la grêle. • © Capture d’écran ANELFA
Avec des générateurs disposés tous les 10 kilomètres dans la vingtaine de départements équipée en France, les dégâts et les coûts de la grêle restent considérablement réduits, notamment depuis la multiplication du nombre de précipitations à cause du réchauffement climatique.
En Haute-Garonne, c’est plus de 70 générateurs qui étaient installés sur une grande partie du département avant 2023. Le financement de cette campagne de protection a longtemps été assuré uniquement par le conseil départemental. Puis, ce dernier a demandé à élargir le financement à d’autres structures. Airbus a alors partagé les coûts pendant un moment, conscient que la grêle pouvait avoir un fort impact financier, notamment sur les appareils en attente d’être livrés qui risquaient d’être touchés.
« Malheureusement, l’équilibre n’a pas été trouvé entre Airbus et le conseil départemental à un moment et le conseil s’est retiré. Airbus a alors continué à financer seul jusqu’à peu de temps après le COVID où ils ont décidé d’arrêter. Nous avons donc cherché à obtenir d’autres financements mais ce n’était pas suffisant », regrette Claude Berthet.
Ce manque de moyens a obligé l’association à retirer ces appareils du département en 2023. Le financement annuel de la prévention en Haute-Garonne s’élevait à 160 000 euros. « Le sujet de la grêle est mal appréhendé. Certains s’en soucient peu alors que les dégâts de la grêle figurent parmi les plus coûteux des aléas climatiques », pointe la directrice de l’ANELFA.
L’association parvient encore à maintenir ces grêlimètres dans le département. « Nous faisons des mesures depuis 1988 en Haute-Garonne et nous trouvons cela dommage d’arrêter surtout avec l’impact du changement climatique. Nous faisons comme on peut sans la présence d’un salarié sur place« , explique Claude Berthet.
Dans un communiqué, les Ultras de l’A64 assurent qu’une délégation rencontrera la directrice de l’ANELFA ce mardi 27 mai afin de recréer une association dans le département. Il faudra alors solliciter des financements pour enfin protéger les champs des agriculteurs.
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