C’était la première équipe féminine française de beach-volley gagnait sa place pour les JO (Paris) depuis 24 ans. Les Toulousaines d’adoption Alexia Richard et Lézana Placette ont performé et se battent avec leurs valeurs pour faire évoluer ce sport. L’effet JO est retombé. Leur association recherche un équipementier pour préparer Los Angeles 2028.
Elles ont taillé un short au bikini dans le beach-volley féminin, elles se sont classées parmi les meilleures équipes au monde. En ligne de mire : les JO de Los Angeles en 2028. Les Toulousaines Alexia Richard et Lézana Placette n’ont pas d’équipement via leur association et ne veulent pas jouer nues : question de tenue.
les 2 volleyeuses Alexia Richard et Lézana Placette n’ont pas perdu leur humour pour gagner leur place (et des sponsors) pour les JO 2028. • © Site LinkedIn Jean-Louis Cazes
C’était déjà un exploit d’avoir une paire française aux JO de Paris en beach-volley féminin. Sous la tour Eiffel, devant 13 500 spectateurs, Alexia Richard et Lézana Placette ont gagné le premier match de la compétition… en short, face à la championne du monde de Rio. C’est peut-être un détail pour vous mais pour elles ça signifie beaucoup.
Les pieds dans le sable, sous les projecteurs du monde entier, Alexia et Lézana se sont qualifiées pour les barrages d’accès aux 16e de finale du tournoi olympique. Une performance. « C’était le premier sport sold-out (complet). On reçoit encore plein de messages de gens qui ont trouvé ça super. Le beach-volley, c’est physique, tactique, c’est un show. Quand on l’a vu une fois, on a envie de repartir le voir. » L’enthousiasme d’Alexia Richard est vite retombé.
« On s’était dit qu’avec les JO, ça allait attirer les médias, les sponsors avec ce spot incroyable sous la tour Eiffel, poursuit Lézana Placette. Les Français ont adoré, on a pris en notoriété. »
Certes pendant les JO, elles ont été approchées, y compris par des grosses marques. C’était juste par opportunité pour seulement 3-4 jours et non pour un engagement durable. « Ça ne nous intéresse pas d’avoir des partenaires comme ça, reconnaît Lézana. On a envie de gens qui nous soutiennent pour notre projet sportif et humain, travailler avec des gens sympas. On est des personnes authentiques. On essaie de porter le sport féminin. Ce n’est pas que pour l’esthétique mais pour la beauté du sport. »
Presque 10 mois après les JO, rien n’a changé. Elles sont membres de l’équipe de France et bénéficient d’items via l’équipementier fédéral. Depuis 6 ans, les joueuses cherchent un équipementier pour leur asso, « Pari2024 » (comme un pari sportif pour les JO) devenu Objectif Los Angeles 28 (OLA28). De quoi acheter des vêtements techniques non fournis par la fédération.
Ainsi, elles entendent développer et faire connaître leur sport mais la lassitude et les remises en cause ont gagné du terrain, chez Alexia par exemple. « On en a marre de se prendre des réponses négatives. Est-ce qu’on est nulles ? On n’est pas belles? Ils ne cherchent pas des filles parfaites mais des profils. On est 2 grandes blondes et on est drôles ! On l’a mal vécu. »
Alexia et Lézana, la paire toulousaine de beach-volley qui défend le droit de choisir sa tenue : short, bikini ou en legging • © HUANG ZONGZHI / XINHUA
Alors sur LinkedIn, leur « Papy de cœur », leur « agent double » Jean-Louis Cazes qui les soutient depuis 2018 a lancé une alerte. « Autant vous dire que RIEN n’a changé. Elles regardent autour d’elles et voient de nombreux athlètes soutenus par des marques de textile, sans pour autant avoir leur palmarès. Alors, elles ont fini par se demander : « Qu’est-ce qu’on fait de travers ? Que devons-nous faire ? ».
Les 2 beach-volleyeuses ne baissent pas les bras pour autant. Celles qui ont marqué leur sport de par leurs performances mais aussi pour que ce soit un sport et pas seulement une attraction n’ont pas perdu leur humour. Elles affirment qu’elles ne « joueront pas nues » et se préparent pour les JO.
En ce début d’année 2025, les choses bougent. L’Agence Nationale du Sport (ANS) continue de d’investir dans ce sport et la FFVB finance toujours une partie majoritaire de leur saison.
Sur les réseaux, Alexia et Lézana enfilent d’abord une tenue…militaire ! Elles sont intégrées à L’Armée de Champions, et sont devenues marraines du Commandement de l’Espace basé à Toulouse.
Après « Objectif Pari24 », elles lancent leur projet OLA28 (Objectif Los Angeles) sur les réseaux. L’ambition est donc intacte : participer aux JO de Los Angeles.
Championnes de France en 2020 et 2021, elles ont atteint la 15e place mondiale en 2023/24. Elles ont depuis écrit une nouvelle page du beach-volley féminin en remportant la première médaille féminine de l’histoire sur un tournoi Challenge du Beach Pro Tour.
Actuellement, elles reviennent d’une compétition en Chine et vont s’envoler pour Hambourg ce jeudi 22 mai. Malgré les difficultés qu’elles rencontrent dans leur recherche de sponsors post olympique, elles font les compétitions en Challenge (du Top 5 jusqu’au 40) et en Elite (top 20).
Parmi leurs valeurs et leur combat, enlever le côté parfois sexiste de ce sport. Longtemps joués en bikini, les sports de plages ont un peu évolué sous l’impulsion de l’équipe norvégienne de hand puis celle de beach-volley. Une attitude reprise de volée par Alexia et Lézana. La paire tricolore a été la première dans le tournoi en 2024 à jouer en short et brassières et non en bikini.
Pour Alexia, ce n’est pas un problème de short, bikini ou leggins. « Nous n’avions pas plus de sponsors avant. Les gens ont retenu le short mais ce n’est pas la cause du problème. » Et Lézana de poursuivre. « On ne défend pas le short mais le droit de choisir. Avant c’était très réglementé. Au-dessus de 14°C il fallait jouer en culotte. Quand c’était plus froid, en leggins. On veut jouer comme on a envie. »
Les voilà donc reparties pour les compétitions, en espérant que l’appel de Papy Jean-Louis soit entendu pour trouver de nouveaux partenaires (mais avec des valeurs humaines) et autres sponsors. Et pour ça, elles utilisent aussi beaucoup les réseaux, toujours avec humour et élégance. « On veut montrer la vraie vie d’un sport de haut niveau, poursuit Lézana. Avec des aspects un peu moins sexy : le travail, les efforts, laver ses bikinis…Toujours avec humour et autodérision! »
L’interview se termine dans la joie et la bonne humeur malgré la lassitude. Une montée au filet pour les championnats d’Europe prévus en Allemagne au mois de juillet, puis les championnats du monde en Australie en novembre. Un échange qu’il faut conclure avec de nouveaux sponsors.
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