La fête de l’Aïd el-Kebir débutera cette année le 6 juin 2025. Dans le Tarn-et-Garonne, du fait de la fermeture de l’abattoir de Montauban, la préfecture a donné des préconisations. L’occasion de revenir sur les principaux points concernant cette fête musulmane.
L’Aïd el-Kebir débute le 6 juin et peut durer pendant 3 jours selon le culte musulman. Les pouvoirs publics et à Nîmes, par exemple, les imams, ont appelé à respecter la réglementation en vigueur en matière de protection animale et pour éviter tout risque sanitaire.
Dans le Tarn-et-Garonne, la préfecture explique que « suite à la fermeture de l’abattoir de Montauban en 2023, les personnes qui souhaitent célébrer la fête de l’Aïd el-Kebir pourront donner procuration à leur boucher ou à un membre de leur famille vivant à l’étranger« . Elle rappelle la législation en vigueur. C’est l’occasion pour nous de faire le point sur ce qu’est l’Aïd, l’abattage rituel, la viande hallal et quels risques sont encourus en ne respectant pas les règles en vigueur.
Les musulmans du monde entier doivent célébrer, vendredi 6 juin, l’Aïd-el-Kébir, littéralement la « grande fête », également appelée « Aïd el-Adha », la fête du sacrifice, ou « Tabaski » qui correspond aussi au pèlerinage à La Mecque, le hadj.
La date de l’Aïd est décalée de onze jours environ chaque année, car le calendrier de l’hégire, qui considère que nous sommes en 1444, ne comporte que 354 ou 355 jours. Cette fête célèbre un épisode relaté sous une forme un peu différente dans le Coran et dans l’Ancien Testament. Selon le texte musulman, Dieu demanda à Abraham (ou Ibrahim) de sacrifier son fils Ismaël pour éprouver sa foi.
Alors que l’homme s’apprêtait à immoler l’enfant avec un couteau, l’ange Jibril (ou Gabriel) arrêta son geste et remplaça l’enfant par un bélier. Cet événement est commémoré par les musulmans sous la forme d’un sacrifice animal (mouton, vache, chèvre…) dont la viande sera partagée en trois : un tiers pour la famille, un tiers pour les amis et voisins et le dernier pour les pauvres. Les expressions « aïd mabrouk » ou « aïd moubarak » sont utilisées pour féliciter et souhaiter ses vœux à ses proches.
L’abattage rituel préconisé par l’islam se passe de la façon suivante : l’animal est abattu au moyen d’un couteau dont la lame est bien aiguisée. Il est immobilisé et égorgé conscient. L’étourdissement intervient ensuite. Il doit être étourdi immédiatement après la section des jugulaires et la contention doit être maintenue jusqu’à ce que l’animal ne présente plus de signes de conscience. Ce n’est qu’à ce moment que l’animal peut être suspendu.
En France en 2020, 51% des abattoirs de boucherie étaient habilités à pratiquer l’abattage sans étourdissement (chiffres OABA). Plus de la moitié des abattoirs de boucherie possèdent effectivement cette dérogation.
Tout abattage rituel doit être pratiqué dans un abattoir agréé par la préfecture pour pouvoir déroger à l’obligation d’étourdissement. • © CLEMENTZ MICHEL / MAXPPP
La dhabiha est la méthode d’abattage rituel des animaux pour produire la viande halal. Les détails de la méthode relèvent davantage de la tradition islamique que du Coran. Selon les pays, la méthode peut différer. Certains acceptent l’étourdissement des animaux avant l’abattage.
Il s’agit de rendre la viande propre à être consommée par les musulmans, « halal » signifiant licite. Pour les juifs qui ont une méthode de mise à mort relativement similaire, « kasher » veut dire conforme. L’animal doit être immobilisé par un procédé mécanique le maintenant le plus souvent sur le dos, le cou tendu par une mentonnière.
Les viandes provenant de carcasses non inspectées par les agents de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) peuvent présenter des risques graves pour la santé des consommateurs. C’est notamment le cas de présence de parasites ou de germes pathogènes, explique le Ministère de l’agriculture.
La section de l’œsophage peut provoquer le déversement du contenu de l’estomac porteur de bactéries E. coli dangereuses pour l’homme. De graves maladies telles que l’Hydatidose plus connue sous les noms de kyste hydatique ou échinococcose sont dues à des parasites comme les larves de Ténia.
La préfecture du Tarn-et-Garonne rappelle que certains pays étrangers connaissent une recrudescence de maladies graves (fièvre aphteuse, pestes des petits ruminants, clavelée, peste porcine…). Elle demande aux importateurs de « faire preuve de la plus grande prudence quant à l’origine des animaux en n’introduisant que des animaux avec un statut sanitaire connu et dans les conditions sanitaires requises s’ils proviennent de zones réglementées ». Elle insiste aussi la nécessité de nettoyage/désinfection des véhicules de transport internationaux d’animaux vivants.
Seules les viandes issues de carcasses portant l’estampille de salubrité, garantissant un abattage réalisé dans un abattoir agréé et ayant fait l’objet d’une inspection sanitaire, peuvent être consommées sans danger.
La réglementation actuelle rend obligatoire l’étourdissement des animaux destinés à la consommation humaine avant leur abattage. Cependant, le code rural et de la pêche maritime, comme le droit européen, prévoient une dérogation lorsque l’étourdissement n’est pas compatible avec les prescriptions rituelles religieuses.
Tout abattage rituel doit être pratiqué dans un abattoir agréé bénéficiant d’une autorisation préfectorale pour pouvoir déroger à l’obligation d’étourdissement. Le sacrificateur doit posséder un certificat de compétence protection animale (CCPA) attestant de sa formation. Il doit être habilité par l’un des organismes religieux agréés par le ministère de l’Agriculture sur proposition du ministère de l’Intérieur.
La préfecture du Tarn-et-Garonne appelle l’attention des bouchers halal sur l’importance du strict respect des règles sanitaires applicables au transport, au stockage et à la traçabilité des viandes. Il leur revient de s’assurer que les carcasses proviennent d’abattoirs agréés, que la chaîne du froid est rigoureusement maintenue jusqu’à la remise au client, et que les installations de stockage sont adaptées au volume traité, afin de garantir la sécurité sanitaire des produits mis en vente.
La réalisation de tout sacrifice d’animaux en dehors d’un abattoir agréé est passible d’une amende de 15 000 € et de 6 mois d’emprisonnement. Il est également interdit de mettre à disposition des locaux, terrains, installations, matériels ou équipements en vue de procéder à un abattage rituel en dehors d’un abattoir agréé. Cette infraction est passible d’une contravention de 750 €.
Pour accompagner cette fête traditionnelle musulmane, des fiches pratiques relatives à son organisation sont mises à disposition par les ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur.
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