
CHARLY TRIBALLEAU / AFP
L’archevêque de Toulouse, Monseigneur Guy de Kerimel, ici à Fronton (Haute-Garonne), le 26 février 2023, avait lui-même annoncé cette nomination, très vite condamnée par les évêques de France.
RELIGION – Promotion annulée. En nommant début juin un prêtre condamné pour viol sur mineur en 2006 au poste de chancelier de son diocèse, l’archevêque de Toulouse avait suscité une vive polémique dans le milieu clérical. Ce samedi 16 août, le prêtre initialement nommé a finalement renoncé à sa promotion à la demande de l’archevêque.
Dans un communiqué du Diocèse diffusé ce samedi, l’archevêque de Toulouse Guy de Kerimel explique qu’à sa « demande, le Père Dominique Spina a renoncé à la charge de chancelier avec une réelle disponibilité de cœur. Je l’en remercie ».
La semaine dernière, les évêques de France s’étaient eux-mêmes soulevés contre cette nomination, estimant qu’elle ne pouvait que « raviver des blessures » et « déconcerter » les fidèles. Le prêtre Dominique Spina a donc été rattrapé par son passé : lorsqu’il était prêtre du diocèse de Bayonne, il avait violé un lycéen âgé de 16 ans. Pour ces faits datant de 1993, l’homme d’Église avait finalement été condamné à cinq ans de prison, dont une année avec sursis.
De son côté, l’archevêque de Toulouse Guy de Kerimel avait d’abord tenu bon face aux nombreuses critiques. Il expliquait même dans un communiqué transmis à l’AFP avoir « pris le parti de la miséricorde », « en choisissant de nommer l’abbé Spina chancelier de la curie diocésaine », alors qu’il était depuis cinq ans employé aux archives, a-t-il précisé. « Ma décision avait été interprétée par de nombreuses personnes comme un camouflet envers les victimes d’abus sexuel, j’en demande pardon aux victimes », ajoute le communiqué.
En décalage avec les engagements de l’Église
Mais la responsabilité de chancelier n’a pas semblé être une promotion adaptée au parcours de Dominique Spina. Comme le précise le site internet du diocèse, un chancelier est notamment en charge de l’établissement et de la conservation des actes officiels de l’archevêque. Il apporte également aide et conseil sur l’administration des sacrements aux prêtres et aux paroisses.
Et si Monseigneur Guy de Kerimel reconnaissait que « l’abbé Spina a accompli une peine de 5 ans de prison dont un avec sursis pour des faits très graves qui se sont déroulés il y a près de 30 ans », il estimait que l’homme −n’exerçant « plus de charge pastorale » à quelques exceptions près − n’avait plus rien à se reprocher. Suffisant pour motiver sa nomination « dans cette fonction administrative ».
Parmi les nombreuses réactions critiques, le média Tribune chrétienne avançait sur son site internet que cette nomination au poste deEN chancelier et de délégué épiscopal aux mariages suscitait « l’incompréhension ». Et allait encore plus loin en rappelant que cette « récente promotion à la chancellerie, organe central de l’administration canonique du diocèse, surprend par son contraste avec les engagements affichés par l’Église de France depuis la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) en 2021 ».