Il y a dix ans, dans son appartement toulousain, Nathalie Bonhoure lançait Grungemama avec un simple site internet. Aujourd’hui, sa marque de prêt-à-porter à l’identité affirmée compte onze boutiques, de Toulouse à Madrid. Une success story portée par une femme autodidacte, déterminée et profondément attachée à ses racines.
Dans le paysage toulousain – et même national – du prêt-à-porter, Nathalie Bonhoure est un phénomène à elle seule. Mais un phénomène volontairement discret, ce qui est étrange pour cette star des réseaux sociaux. La fondatrice de la marque Grungemama n’est pas du genre à se mettre en avant, malgré ses 800 000 abonnés. D’un naturel réservé, cette entrepreneuse toulousaine de 54 ans célèbre ce mois-ci les dix ans de sa marque de vêtements et accessoires. De Toulouse à Paris, en passant par Perpignan, Madrid, Marseille, Lille, Bordeaux ou encore Saint-Jean-de-Luz… elle est aujourd’hui à la tête de onze boutiques. La dernière a ouvert ses portes à Lyon le 2 mai dernier.
Le nom de sa marque, Grungemama, reflète son identité hybride : une amoureuse du rock, portée par une esthétique libre, et une mère de deux enfants, ancrée dans le quotidien. Elle incarne une féminité à la fois forte et bienveillante, que l’on retrouve dans ses collections. Robes longues, blouses légères, jeans confortables… sa mode s’adresse à toutes les femmes, des plus bohèmes aux plus classiques, en misant sur la confiance en soi que procure une tenue bien choisie. « À travers leurs styles différents, je veux habiller toutes les femmes selon leur personnalité. Quand on a trouvé le bon look, on peut affronter la vie », affirme-t-elle.

Elle incarne physiquement sa marque
Un discret tatouage « Imagine » à la base du cou, d’autres sur les bras et les doigts, une silhouette très fine, des yeux bleu piscine… Nathalie Bonhoure pose sur son site dans la plupart des vêtements qu’elle propose à la vente. Autrement dit, elle incarne littéralement sa marque. La Toulousaine est aujourd’hui à la tête d’un petit empire en pleine croissance, qui emploie 55 personnes et génère un chiffre d’affaires annuel de 10 millions d’euros. Pour autant, Nathalie Bonhoure tient à rappeler qu’elle est « partie de rien. La réussite, c’est aussi la capacité à s’adapter. Et moi, en la matière, je suis un élastique », sourit-elle.

Des origines modestes
Rien ne prédestinait cette fille d’agriculteur, née à Lavaur, dans le Tarn, à travailler dans le prêt-à-porter. Après un bac littéraire à Albi et une licence en Langues Étrangères Appliquées (LEA), elle débute comme assistante à l’export, puis seconde son ex-mari dans la gestion administrative de ses entreprises. En 2012, elle devient vendeuse pour la marque Zadig & Voltaire aux Galeries Lafayette. Une première expérience dans la mode décisive pour cette vendeuse à l’énergie communicative. « J’ai découvert une véritable passion », confie Nathalie, qui noue alors des liens très forts avec ses clientes.

En mai 2015, elle quitte tout et lance sa marque Grungemama. « J’ai commencé à vendre des vêtements en ligne depuis mon salon, complètement fauchée. Puis j’ai ouvert ma première boutique, au 1 rue d’Astorg. Le jour de l’ouverture, les femmes qui me suivaient sur les réseaux attendaient devant la porte. Ce fut un vrai carton », se souvient Nathalie. La magie opère et perdure : en dix ans, la Toulousaine a ouvert onze boutiques. Une aventure marquée par le travail acharné, mais aussi par l’intuition et des rencontres décisives.
Nathalie Bonhoure en dates
29 avril 1971 : Naissance à Lavaur.1989 : Bac A2 à Albi.1995 : Maitrise en LEA.1995-2001 : assistante export.2001-2011 : gestion administrative dans les sociétés de son ex-mari.2012-2015 : Vendeuse chez Zadig & Voltaire aux Galeries Lafayette.Mai 2015 : Fondation de Grungemama.2016 : Ouverture de sa première boutique.2025 : Ouverture de sa onzième boutique
Passer le flambeau
Avec humilité, elle inspire de nombreuses femmes à croire en leurs rêves, à refuser les diktats et à s’affirmer. Car, comme elle le dit elle-même, « tout est possible ». À 54 ans, Nathalie travaille sans relâche. « Il faudrait absolument que j’arrive à déléguer. Depuis décembre, la conjoncture est compliquée. C’est dur, vraiment dur. Il faut se battre pour trouver du personnel. Ce qui limite les ouvertures », reconnaît-elle. Mais elle sait pouvoir compter sur « un noyau extraordinaire autour de moi. Aujourd’hui, Grungemama, c’est une communauté qui me dépasse et qui doit durer au-delà de moi ». Transmettre le flambeau : voilà le prochain chantier de Nathalie Bonhoure.