À Toulouse, les travaux du Réseau Express Vélo rue de la Digue ont débuté malgré une forte opposition locale. Suppression massive de stationnements, concertation contestée… La transition cyclable peut-elle s’imposer sans fracturer les quartiers ?
Les pelleteuses sont entrées en action début mai rue de la Digue, dans le quartier Croix-de-Pierre à Toulouse.
Après plusieurs mois de tensions entre les habitants et la mairie, les travaux d’aménagement d’une piste cyclable bidirectionnelle ont débuté, dans le cadre du déploiement du Réseau Express Vélo (REV).


L’axe doit être livré d’ici fin 2025, mais suscite toujours l’incompréhension et l’opposition d’une partie des riverains.
90 % des places de stationnement supprimées
Ce tronçon du REV prévoit la suppression de plus de 100 des 117 places de stationnement sur la rue, afin d’y installer une « mini-autoroute à vélos », selon les termes de certains habitants.

Ces derniers dénoncent un projet déséquilibré et inadapté, dans un quartier où le stationnement reste un enjeu crucial au quotidien. Une pétition rassemblant 600 signatures a été adressée à la municipalité pour proposer une alternative : une vélorue, dispositif qui permettrait de partager l’espace entre voitures et vélos tout en préservant une partie des places.

Mais cette solution a été écartée par la mairie, au profit d’un aménagement conforme aux standards du REV, jugé plus sécurisé mais plus contraignant pour les automobilistes.
Une concertation jugée insuffisante
La concertation, jugée précipitée et insuffisante, a laissé un goût amer. « Notre proposition a été écartée sans réelle analyse technique », déplorent les membres du collectif de riverains, qui ont adressé une lettre ouverte au maire Jean-Luc Moudenc, demandant une réévaluation du projet.

Selon eux, l’absence d’un schéma global finalisé pour l’axe entre la route de Seysses et le Fer-à-Cheval renforce l’impression d’un projet précipité.
De son côté, Jean-Paul Bouche, maire de quartier, affirme que les décisions sont « actées, arbitrées » et que le chantier ira à son terme.
Il assure cependant travailler à des ajustements, évoquant notamment la préservation de 7 places à l’entrée de la rue, la disponibilité de 26 places à proximité place de la Croix de Pierre, et la mise en place d’un dispositif de stationnement résidentiel d’ici la fin de l’année.
Une transformation urbaine à marche forcée ?
Alors que Toulouse poursuit sa politique ambitieuse en faveur du vélo, les résistances locales rappellent les enjeux complexes de la transition des mobilités dans des quartiers déjà densément urbanisés.
Si la municipalité met en avant la sécurité des cyclistes et la réduction de la pollution, les riverains, eux, redoutent une dégradation de leur qualité de vie quotidienne, faute de solutions compensatoires suffisantes.