La veille de Noël, des malfaiteurs ont fait sauter le coffre du bureau de La Poste, quartier des Izards à Toulouse. Ils sont repartis avec 470 000 euros. Un gros coup, une grosse enquête et trois suspects. Des « anciens » au passé chargé.
Dans un vent glacé, les spécialistes de la police judiciaire prenaient le temps de réaliser les constatations et de chercher le petit indice qui les mènerait vers les auteurs de ce casse spectaculaire. La veille de Noël 2024, une équipe a fait exploser le coffre situé à l’arrière de l’agence postale des Izards, au nord de Toulouse. Ils sont repartis avec 470 000 euros.
« Du travail de pros », confiaient les observateurs. Une équipe de l’extérieur ? Les spécialistes de la division de la criminalité organisée et spécialisée le pensaient. Corses ? Marseillais ? Parisiens ? Les paris étaient ouverts seulement, très vite, les enquêteurs de la BRB, la brigade de répression du banditisme, ont remonté les fils avec succès.
Arrestations à l’aube lundi
Et lundi, dès potron-minet, les enquêteurs ont sorti du lit trois hommes à Toulouse, Montauban, et dans une chambre d’hôtel du Pays basque où un homme profitait de son week-end avec femme et enfant. Ces individus sont ce que les policiers aiment appeler « des beaux mecs ». Des voyous à l’ancienne, avec des passés chargés et une réputation qui excite les imaginations.
Deux d’entre eux ont, notamment, mobilisé les soupçons lors du fameux casse de Bessières en mars 2014, quand une équipe de malfrats a patiemment creusé vingt mètres de tunnel en mémoire de Spaggiari, auteur d’un casse similaire à Nice en 1976. Un seul a été condamné, l’autre s’en est sorti, comme souvent d’ailleurs.
Quant au troisième suspect, il a connu ses principaux soucis judiciaires au milieu des années 2000 quand il a été impliqué avec de sérieux amis, d’autres, dans l’importation de plus de 400 kg de cocaïne pure. 250 kg ont été saisis par les policiers des Stups, dans le port du Havre en juillet 2005, mettant un point final à la « Toulouse connection ».
Même si leur passé tient du roman, leur présent intéresse beaucoup plus la police et un juge d’instruction de la Jirs de Bordeaux. La juridiction interrégionale spécialisée a ouvert début janvier, après le casse, une information judiciaire pour « vol en bande organisée », « destruction de biens en bande organisée par moyens dangereux », « association de malfaiteurs » ou encore « blanchiment en bande organisée ».
À 44, 57 et 63 ans, une nouvelle mesure de garde à vue n’est pas du genre à trop troubler les suspects. Aux côtés de leurs avocats Mes Cécile Brandely, Ravyn Issa, Apolinaire Legros-Gimbert et Jacques Derieux, ils ont décidé d’user de leur droit au silence. Du bout des lèvres, ils concèdent une possible implication dans le braquage d’un magasin d’optique à Auch ou dans divers vols de véhicules. Encore, même pas sûr.
Investigations précises
Quant au coffre de la Poste des Izards, et les 470 000 euros disparus, aucun souvenir et encore moins une implication, même lointaine. Les policiers, qui ont bâti leur travail à partir d’images de vidéosurveillance, de voiture brûlée, des indices scientifiques gênants ou de longues, très longues filatures avec le soutien discret de la BRI, se disent plus convaincus de leur implication directe.
Si leurs compagnes, interpellées avec eux lundi matin, ont rapidement été laissées libres, les trois « amis » sont partis ce jeudi en direction de Bordeaux. Ils devraient être mis en examen puis incarcérés dès ce soir. Probable que le parquet de la Jirs estime le risque de réitération est trop important pour laisser ces grands anciens libres de leurs mouvements. S’ils sont reconnus coupables du casse du bureau de La Poste, ils encourent un maximum de 20 années de réclusion criminelle.