« Une complicité inacceptable ». Partie d’Ivry le 30 mars dernier en direction de la prison de Kénitra au Maroc, où elle arrivera le 2 juin 2025, la Marche pour la Liberté a pour objectif de faire connaître la cause sahraouie et celle des prisonniers politiques.
À Toulouse, Béziers et Perpignan, les élus communistes d’Occitanie ont dénoncer l’occupation du Sahara occidental par le Maroc et interpellé les autorités françaises sur leur position ambigüe vis-à-vis de ce conflit.
En effet, depuis 1975, Rabat et Alger s’écharpent au sujet de ce territoire non autonome, dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc et par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
« Un accord contraire au droit international »
En parallèle de cette marche, le 24 avril dernier, une lettre d’intention en vue d’un accord de coopération entre la Région Occitanie et la Région de Dakhla (située dans le territoire du Sahara Occidental sous occupation marocaine) a été signée.
Elle porte sur des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, l’hydrogène vert, l’éolien, les mobilités durables, mais aussi la recherche, l’université et le tourisme. L’objectif, tisser des liens étroits entre les écosystèmes économiques, scientifiques et institutionnels.
La relation entre l’Occitanie et le Maroc s’appuie sur une histoire de coopération soutenue depuis plus d’une décennie, notamment à travers la Maison de l’Occitanie à Casablanca, ouverte en 2012, pensée comme une passerelle entre les deux territoires.
« Ce projet d’accord constitue une atteinte grave au droit international », dénonce le groupe CRC, qui rappelle que le Sahara occidental est reconnu par l’ONU comme un territoire non autonome, dont le statut final doit être déterminé par un référendum d’autodétermination.
Tant que le référendum n’a pas eu lieu, « toute coopération officielle avec les autorités marocaines à Dakhla revient à violer les droits du peuple sahraoui et à cautionner l’occupation« , insistent les élus communistes.
Dans une décision rendue le 4 octobre 2024, la Cour de justice de l’Union européenne précise en effet que tout accord impliquant le Sahara occidental doit recevoir le consentement explicite du peuple sahraoui.
« Une complicité inacceptable de la France »
En juillet dernier, Emmanuel Macron a officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Une annonce qui fait suite à une série de consultations diplomatiques intenses entre Paris et Rabat.
Selon le chef de l’Etat, la stabilité et le développement économique du Maghreb passent par une position claire sur le statut du Sahara occidental. Cette initiative pourrait également servir de « catalyseur » pour des initiatives de paix plus larges au sein de la région.
Sur le plan politique et diplomatique, cette reconnaissance pourrait renforcer la position du Maroc dans ses conflits diplomatiques avec d’autres États concernant le statut du Sahara occidental et influencer la politique européenne vis-à-vis de ce territoire.
Pour le groupe CRC, « l’alignement de la diplomatie française sur les intérêts marocains, y compris sur la souveraineté illégitime du Maroc sur le Sahara occidental, n’oblige pas les collectivités territoriales à suivre ».
Au contraire, « chacun doit se situer dans le respect du droit international et ne pas en sortir ; ni la France, ni nos collectivités, ne doivent faire entendre une autre voix que celle du respect du droit et de la justice ».
À cet égard, les élus communistes d’Occitanie affirment leur désaccord avec le prise de position du maire de Montpellier, qui a récemment affiché le soutien « indéfectible » de sa municipalité à la « marocanité » du Sahara occidental.
Cette déclaration décrédibilise notre engagement collectif pour la paix. Nous saluons la réaction de la section locale du PCF à Montpellier, qui a rappelé que cette position bafoue les droits du peuple sahraoui et soutient une politique coloniale », ajoute le groupe CRC.
Un appel pour une Région exemplaire
Refusant que les collectivités cautionnent, « par des actes ou des mots », une politique jugée contraire au droit international, les élus communistes appellent en Occitanie, « comme partout en France », à la suspension de tout projet d’accord avec la Région de Dakhla.
Ainsi qu’à la mise en œuvre de « politiques de coopération exemplaires » en matière de droit international et de la solidarité internationale. Aux côtés du peuple sahraoui, le groupe CRC continuera à exiger l’application du droit à l’autodétermination.
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