Dans un nouveau rapport, l’Organisation mondiale de la santé animale alerte sur un nombre de foyers de grippe aviaire chez les mammifères qui a plus que doublé dans le monde entier en 2024, « faisant grimper le risque d’une propagation du virus à l’homme ».
C’est un changement « préoccupant dans le schéma épidémiologique du virus ». Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé animale, le nombre de foyers de grippe aviaire chez les mammifères a plus que doublé dans le monde en 2024, « faisant grimper le risque d’une propagation du virus chez l’homme ». La grippe aviaire « est davantage qu’une crise de santé animale : c’est une urgence mondiale qui déstabilise l’agriculture, la sécurité alimentaire, le commerce et les écosystèmes », alerte le rapport.
L’année dernière, le nombre de foyers chez les mammifères a grimpé pour atteindre 1022 cas dans 55 pays, contre 459 en 2023, d’après l’agence basée à Paris en charge de la surveillance des maladies animales dans le monde entier. Dans son nouveau rapport, l’OMSA alerte sur la possibilité de voir le virus s’adapter et se transmettre en humains, bien que le risque global de transmission à l’homme demeure faible.
En janvier 2025 déjà, l’École nationale vétérinaire de Toulouse se penchait sur la question de la transmission possible du virus H5N1 à l’homme par le biais du chat, après avoir découvert que l’animal pouvait en être porteur. « Les virus de la grippe mutent assez facilement, et quand ils passent d’une espèce à une autre, ils acquièrent des mutations qui leur permettent de se multiplier plus facilement chez cette espèce, expliquait dans un de nos articles Pierre Bessières, virologue. Donc si le virus peut s’adapter au chat, il peut s’adapter aux mammifères, et donc il peut venir affecter l’être humain. Pour autant, cela reste rare. »
Aujourd’hui, les experts de la santé tirent la sonnette d’alarme quant à la menace de pandémie que représente la grippe aviaire, qui a déjà démontré sa capacité à muter en se propageant notamment parmi les élevages de vaches laitières aux États-Unis. Ce rapport est publié au moment où les budgets des agences sanitaires et scientifiques américaines subissent des coupes importantes de la part de l’administration Trump. Au début de l’année, le président américain a par exemple mis fin à un programme d’épidémiologie connu sous le nom de « Détectives des maladies ».
Le rapport comptabilise plus de 630 millions d’oiseaux d’élevage morts de la grippe aviaire ou abattus ces vingt dernières années. Mais la vaccination peut jouer un rôle important pour enrayer ces épidémies, ce qui diminue le risque pour les mammifères et les humains. Le rapport cite l’exemple de la France, qui a commencé à vacciner les canards contre la grippe aviaire en 2023. Selon une modélisation de l’école vétérinaire de Toulouse, il aurait pu y avoir jusqu’à 700 foyers d’épidémie en France cette année-là, mais seuls dix ont été relevés.
Pour Emmanuelle Soubeyran, directrice générale de l’OMSA, cette stratégie est gagnante sur deux tableaux : elle réduit d’abord l’exposition des humains tout en permettant aussi d’exporter davantage de volailles. Elle souligne toutefois que les vaccins ne sont pas une « baguette magique », n’étant pas adaptés à toutes les situations.
Le rapport pointe l’importance de la vaccination dans la lutte contre l’épidémie. • © Jérôme Fouquet / MAXPPP
La biosécurité, la surveillance, la transparence accrue et la collaboration mondiale sont également des outils importants pour lutter contre la menace de la grippe aviaire, a ajouté la directrice de l’Omsa, appelant à davantage d’investissements dans ces domaines. En avril, le Mexique a signalé son premier décès dû à la grippe aviaire, celui d’une fillette de trois ans. Aux États-Unis, un premier décès a été enregistré en janvier. Deux morts ont aussi été relevés au Cambodge au début de l’année. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ 50 % des cas d’infection par la grippe aviaire se sont révélés mortels.
Enfin, le rapport de l’OMSA met également en garde, de manière plus générale, contre le danger croissant de voir des maladies animales se transmettre à l’homme, le changement climatique poussant les espèces à s’établir dans de nouvelles zones.
Près de 70 % des maladies émergentes notifiées à l’agence au cours des 20 dernières années ont été considérées comme susceptibles de constituer une menace pour la santé humaine. Autre danger : la résistance croissante de certaines maladies aux antibiotiques, qui constitue « l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale, la sécurité alimentaire et la stabilité économique », selon le rapport.
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