L’un des deux plus vieux hommes de France a été retrouvé enterré dans son jardin. Son fils, en fuite depuis deux mois, a été arrêté ce mercredi par la police judiciaire de Toulouse. Le sexagénaire évoque une promesse funèbre et nie toute mauvaise intention. Ce vendredi, il a été présenté à un juge d’instruction dans le cadre d’une enquête ouverte pour « homicide ».
Considéré comme le deuxième homme le plus vieux du pays, René B. devait fêter ses 110 ans le 20 février dernier. Mais ce Toulousain a mystérieusement disparu avant que son corps ne soit retrouvé enterré dans le jardin de l’une de ses vastes propriétés. Son fils, Jean, âgé de 68 ans, vient d’être arrêté après deux mois de cavale par la division de lutte contre la criminalité organisée et spécialisée de Toulouse (DCOS). » Il est mis en examen pour escroqueries aggravées auprès de la CNAV, pour continuer à percevoir la retraite, abus de confiance puisqu’il a utilisé des moyens financiers de son défunt papa, et inhumation sur un terrain privé sans autorisation. Il a été placé sous contrôle judiciaire », confirme le procureur de la République David Charmatz.
Cette affaire en tous points extraordinaire débute à la suite du signalement de l’une des petites-filles du centenaire. Alors qu’elle tente à plusieurs reprises de joindre son grand-père par téléphone, c’est finalement son oncle Jean qui décroche. Depuis toujours, ce dernier vit avec son père dans le domaine familial situé à Lamothe-Capdeville (Tarn-et-Garonne) et l’assiste au quotidien. Ce jour-là, « tonton Jean » explique que son ascendant séjourne dans un monastère, mais la jeune femme doute. Sans nouvelle et inquiète, elle alerte la police toulousaine.
Héritier de la noblesse française
Ancien professeur de dessin et d’histoire de l’art au lycée Ozenne, René B. était le père de quatre filles avec lesquelles les relations ont été décrites comme tendues. Seul son fils était resté proche de lui. Jean gérait les affaires de son père : outre les 3 500 € de pension de retraite mensuelle, le centenaire, héritier de la noblesse française, possédait plusieurs millions d’euros placés dans l’immobilier, ainsi que des domaines de plusieurs hectares, situés, donc, dans la Ville rose et dans le Tarn-et-Garonne.
L’histoire familiale bascule au mois de mars. Alertée de la disparition du retraité, la police judiciaire sollicite la gendarmerie de Montauban. Jean est interrogé à Lamothe-Capdeville, mais ses réponses sont floues. À la tombée de la nuit, visiblement épuisé, il est victime d’un malaise. Il est alors conduit à l’hôpital, mais il en profite pour s’éclipser. Dans le même temps, des fouilles sont menées dans les deux propriétés. Et le 4 avril, macabre découverte : dans le jardin de la demeure toulousaine, située dans le quartier huppé de Croix-Daurade, les enquêteurs, assistés d’une unité cynophile, découvrent le cadavre du centenaire, enterré à plus d’un mètre de profondeur, au fond d’une allée bordée de cyprès.
Cavale dans la région
Le parquet de Toulouse ouvre alors une information judiciaire pour « homicide ». L’autopsie du corps momifié, pratiquée dans la foulée, ne révèle aucune lésion traumatique. L’expertise médico-légale écarte rapidement l’intervention d’un tiers. Le décès, survenu depuis plus de huit mois, ne serait donc pas criminel. Mais alors, qui a enterré le vieil homme, et pourquoi ?
Tous les regards se tournent vers Jean. Ces huit derniers mois, le sexagénaire a continué à percevoir les pensions de son père, comme si celui-ci était encore vivant. Après son (faux) malaise et sa fuite de l’hôpital, il a brièvement utilisé la carte bancaire du défunt pour financer sa cavale. Il a notamment eu accès à un compte crédité de plus de 300 000 €. Retrouvé le 14 mai à Tarbes, caché dans sa voiture, il semblait pourtant vivre comme un sans-abri et se déplaçait avec l’aide de proches issus de la mouvance catholique. Placé en garde à vue, il a finalement avoué avoir enterré son père.
Enterré à la manière des plus anciennes traditions catholiques
Dans ses déclarations, Jean affirme avoir simplement respecté les dernières volontés de celui-ci, indiquant qu’il voulait être mis en terre à la manière des plus anciennes traditions catholiques, dans un tombeau recouvert de lauriers. Le fils aurait alors tout orchestré seul et soigneusement. Mais pour quelles raisons garder pour lui ce terrible secret des mois durant ? Cherchait-il à profiter seul de la richesse familiale ? Souhaitait-il écarter ses sœurs de l’héritage à venir ? Interrogé sur les lourds enjeux financiers de cette affaire, estimés à plusieurs millions d’euros, le mis en cause a nié toute volonté cupide. Après deux mois de traque et deux jours d’interrogatoire, Jean B., visiblement désorienté depuis la mort de son père, a été présenté à un juge d’instruction pour une probable mise en examen. Il pourrait désormais être poursuivi pour recel de cadavre. À ce stade, aucune de ses sœurs n’a souhaité déposer plainte.