Une trentaine d’apiculteurs, revêtus de leur combinaison de protection, ont déambulé dans les rues de Toulouse, ce dimanche 27 avril 2025. Une manifestation pour contester une proposition de loi qui pourrait permettre aux agriculteurs d’utiliser à nouveau des pesticides « tueurs d’abeilles ».
Des dizaines d’apiculteurs, vêtus de leur combinaison et munis de leur enfumoir, ont manifesté, ce dimanche 27 avril 2025, dans les rues de Toulouse en Haute-Garonne. « Duplomb, ta loi a du plomb dans l’aile ! », ont-ils scandé au milieu des stands du marché Saint-Aubin. Ils dénoncent une proposition de loi actuellement soumise aux parlementaires et qui pourrait permettre à certaines filières agricoles d’utiliser à nouveau des pesticides interdits à la vente et particulièrement toxiques pour les insectes.
Votée au Sénat, une proposition portant le nom du sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb, visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur« , fait l’objet de nombreuses critiques. « Proposition de loi Duplomb : toxique pour l’agriculture, l’environnement et la santé publique », estime ainsi l’association France Nature Environnement. Il faut dire que le texte prévoit, sur dérogation, de réintroduire sur le marché français certaines substances néonicotinoïdes interdites depuis 2018 en France.
« Non au retour des pesticides tueurs d’abeilles et de la biodiversité« , c’est le slogan répété par les apiculteurs à Toulouse. Et certains en sont convaincus, ces substances menacent également notre santé. « Les chercheurs ont démontré que certains néonicotinoïdes atteignent le cerveau des abeilles, coupent les connexions des cellules du cerveau. Les abeilles se retrouvent sur les fleurs et elles ne savent plus rentrer à la ruche, explique ainsi un apiculteur de Muret. Elles ont perdu tous leurs repères d’orientation. Et toutes ces choses-là se retrouvent dans notre nourriture finalement. Évidemment que notre cerveau il est plus gros que celui d’une abeille qui est de la grosseur d’une tête d’épingle, mais cela agit sur nous également.«
En France, depuis 2018, l’utilisation des produits à base de néonicotinoïdes est interdite en agriculture. Mais des dérogations avaient été accordées par le gouvernement, en 2021 et en 2022, pour l’utilisation de deux de ses substances pour la culture de betteraves sucrières. Dérogations jugées illégales par le Conseil d’État en mai 2023.
Aujourd’hui, cette demande de dérogation est donc reformulée dans la proposition de loi Duplomb. Et sur les pesticides, elle constitue des « reculs majeurs« , selon la FNE. « L’injonction à produire à tout prix se fait au détriment de notre santé, de la biodiversité, de la santé des sols, de la qualité de l’air et de l’eau, et de la capacité à produire des générations futures« , estime l’association tout en soulignant les risques pour la santé humaine.
« Je pense que ces pesticides peuvent aider en partie les agriculteurs, mais ponctuellement et à court terme. Mais c’est une fuite en avant parce qu’il faudra toujours trouver des insecticides de plus en plus puissants et qui seront de plus en plus toxiques. Et bientôt, nous aurons une Terre sans insectes, sans oiseaux et cela nous inquiète beaucoup, nous déclare le président du syndicat d’apiculture méridionale. Et pour Thierry Vincent, il faudrait aller encore plus loin. » Tout interdire au niveau de l’Europe, quitte à ce que les rendements soient moins bons.«
Votée par le Sénat, la proposition de loi Duplomb doit être étudiée fin mai par l’Assemblée nationale.(Propos recueillis par Stéphane Compan et Laurence Boffet)
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