L’ancien entraîneur à succès du Stade Toulousain, dix Brennus et quatre Coupe d’Europe à son actif, va inaugurer ce samedi un « complexe sportif » à son nom, juste à côté du Stade Ernest Wallon où il a construit sa légende. Il s’est confié sur son « émotion » en insistant plusieurs fois sur la notion de « partage ».
Guy, qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris qu’un complexe sportif allait porter votre nom ?
Je me suis d’abord dit que, d’habitude, on fait plutôt ça pour les gens qui sont décédés, non ? (il sourit). J’ai d’abord pensé à mes parents et à tous ceux qui ont porté ce nom. Mon père, il doit se retourner dans sa tombe. À ma femme aussi, qui me supporte toujours (sourire). Elle était toubib et travaillait énormément ; elle m’a permis de garder les pieds sur terre et de comprendre qu’il y avait des choses bien plus graves que de jouer au rugby. J’ai une pensée pour mon fils, qui est aujourd’hui maire de Balma (Vincent Terrail-Novès, NDLR), et mes deux filles : l’une est médecin et l’autre travaille désormais à Airbus après avoir été avocate. Et puis, je ne pourrais pas le faire, mais j’ai envie de le partager avec tous ceux qui ont travaillé à mes côtés pendant toutes ces années. Le fait d’en voir beaucoup samedi, je sais que ça va me remuer. J’ai toujours été à cheval sur le rôle que chacun avait à jouer dans ce club : les joueurs, le staff, l’administratif, le chauffeur du bus, celui qui nettoyait les vestiaires, en passant par le responsable de la Brasserie. Ces moments de bonheur, nous les avons vécus à plusieurs.
La localisation, près du Stade Ernest-Wallon que vous connaissez si bien, est un joli clin d’œil, non ?
Il y a quelques années, on avait déjà voulu donner mon nom à une place pas loin de là (place Job, NDLR). Il y avait eu une levée de boucliers politiques, et moi je ne suis pas du tout là-dedans, donc j’avais mis un terme au débat. Là, c’est vrai que l’endroit est bien choisi : aujourd’hui, c’est une rocade où ça roule beaucoup (sourire), mais j’ai débuté le rugby aux Ponts-Jumeaux, tout à côté de ce complexe. Je remercie évidemment Monsieur le Maire et toutes ses équipes. Je suis né à Toulouse, c’est ma vie, c’est ma ville. Je ne suis jamais parti d’ici. J’ai toujours été très attentif à ce qui s’y passait et je continue à prendre énormément de plaisir à m’y balader. On va parfois chercher ailleurs ce que l’on a sous le nez, alors qu’il y a des endroits merveilleux dans cette ville.
On vous sent très ému, n’est-ce pas ?
J’avoue que samedi, il y aura une certaine émotion, oui. À mon âge (71 ans, NDLR), j’espère que je ne serai pas submergé par tout ça (sourire). Ça me renvoie plein d’images de tout ce que j’ai vécu, mais cette trace, je ne l’ai pas laissée seul. Je vais voir certains de mes anciens élèves (il a été prof d’EPS pendant 23 ans, NDLR), d’anciens joueurs aussi, comme Yannick Nyanga qui va venir de Paris, Cédric Heymans de Brive ou Thomas Castaignède d’Anglet. Il y aura aussi Trevor (Brennan, NDLR), des gens qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de ce club et qui me permettent aujourd’hui d’être valorisé. Je vais en oublier, bien sûr, mais je pense à tous ceux qui m’ont accompagné, comme Christian Gajan, Yannick Bru, Jean-Baptiste Élissalde, Philippe Rougé-Thomas. René Bouscatel, Jean Fabre, deux présidents que j’ai côtoyés, ne seront pas là, mais ils m’ont appelé, envoyé un texto. Le partage, c’est ce qui m’a animé toute ma vie. Je ne peux pas écarter une seule personne, et ce complexe, c’est le fruit de cette aventure commune. Je sais que j’ai été un privilégié de vivre ces choses incroyables.
« Toulouse sera champion de France »
« Moi aussi j’en ai pris des leçons », rappelle Guy Novès en évoquant la défaite du Stade Toulousain en demi-finale de la Coupe d’Europe face à l’Union Bordeaux-Bègles (35-18). « L’UBB a été plus fort et je ne suis pas sûr que le Stade ait joué à son meilleur niveau mais Toulouse sera champion de France » a ensuite prédit l’ancien sélectionneur national. « Je suis impressionné par le jeu pratiqué et ces mecs sont tellement habitués à gagner que cela va leur servir pour la suite. Quand on sait pourquoi on a perdu c’est quelque chose d’intéressant pour le staff et je suis certain qu’ils trouveront les bons mots pour permettre à cette équipe de dominer à nouveau lors des phases finales du Top 14 » a ensuite conclu le plus titré des entraîneurs français.