La fin d’un long feuilleton ! Après quatre années de travail intense, le PLUI-H (Plan local d’urbanisme intercommunal), qui fixe les règles d’aménagement et de construction à l’échelle des 37 communes de Toulouse Métropole, va être enfin soumis au vote, jeudi 18 décembre 2025, en conseil métropolitain, en vue de son adoption définitive. Derrière cet acronyme un peu barbare se cache un document d’urbanisme clé, qui fixe des objectifs très précis en matière de production de logements pour les dix prochaines années, jusqu’en 2035. Dans une métropole aussi dynamique que Toulouse, qui prévoit l’arrivée de 90 000 nouveaux habitants en dix ans, selon les prévisions de l’Insee, l’enjeu est de taille : comment concilier cet essor démographique tout en préservant au maximum les espaces naturels ? On vous explique les principaux enjeux de ce nouveau PLUI-H, qui table notamment sur la construction de près de 75 000 logements en dix ans.
9 000 habitants, 7 400 logements, 5 100 emplois
Trois chiffres clés sont à retenir : pour la période 2025-2035, la Métropole table sur l’arrivée de 9 000 habitants supplémentaires chaque année (en moyenne) et se fixe également comme objectif de répondre à un besoin d’accueil d’environ 5 100 emplois supplémentaires par an.
Le PLUI-H présenté aux élus métropolitains prévoit donc la construction de 7 400 logements chaque année, répartis comme suit :
- 72% des logements attendus seront construits à Toulouse, Colomiers et Blagnac, qui constituent « les grands pôles urbains » de la Métropole. De la même manière, l’accueil des emplois se fera « très majoritairement sur les zones d’activités existantes ».
- 6% des logements attendus seront construits à Balma et Tournefeuille.
- 14% des logements seront construits dans les 13 communes suivantes : Cugnaux, Saint-Orens, L’Union, Saint-Jean, Acamville, Pibrac, Cornebarrieu, Beauzelle, Saint-Jory, Quint-Fonsegrives, Fenouillet et Montrabé.
- 8% des logements seront construits dans les 19 communes suivantes : Castelginest, Launaguet, Aussonne, Saint-Alban, Bruguières, Mondonville, Gratentour, Seilh, Gagnac-sur-Garonne, Fonbeauzard, Braxn, Lespinasse, Drémil-Lafarge, Flourens, Mons, Beaupuy, Aigrefeuille, Pin-Balma et Mondouzil.
Le précédent PLUI-H avait été annulé
Si ce document est particulièrement attendu à Toulouse, c’est parce qu’il fait suite au précédant PLUI-H, qui avait été adopté par les élus en 2019, mais annulé deux ans plus tard par le tribunal administratif.
Une annulation qui faisait suite à la requête d’une plaignante résidant dans le quartier de Lafourguette, à Toulouse, qui avait contesté le fait que le PLUi-H réduisait de moitié la constructibilité de son terrain. Argumentation à l’appui, elle avait demandé par la voix de son avocate, Me Geneviève Lavit, une annulation globale du PLUI-H, estimant notamment insincère l’analyse de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF).
« Une décision qui piétine la volonté du peuple »
« Au lieu de réduire de 10% la consommation des espaces naturels agricoles et forestiers, il y a plutôt une augmentation significative de cette consommation. Une telle erreur nous paraît impliquer l’annulation totale du PLUi-H », avait à l’époque martelé le rapporteur public.
Après l’annulation du PLUI-H, qui constituait un véritable camouflet pour la Métropole, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, avait vivement réagi, déplorant alors « une décision prise par trois juges dans une salle de réunion, qui piétine la volonté du peuple« . S’en était suivie une réponse cinglante du tribunal administratif, qui avait rappelé à l’édile que le jugement repos[ait] « seulement sur le code de l’urbanisme »… Ambiance !
« De ce mal est sorti un bien »
« De ce mal est sorti un bien », assure quatre ans plus tard Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse, qui brigue un troisième mandat en mars 2026, estime en effet que le PLUI-H qui sera adopté ce jeudi intègre « les nouvelles exigences de la loi Climat-Résilience », ce qui fait de la Métropole, une collectivité « pionnière » en la matière.
« Grâce à ce document, la Métropole intégrera une dimension de développement durable à un niveau que nous n’avons jamais connu (…). Dans ce nouveau document, 95% des espaces naturels, agricoles et forestiers sont protégés. Cela représente pas moins de 18 800 hectares sur le territoire, soit 41 % de la superficie totale de la Métropole », assure le maire-candidat, qui égratigne au passage ses adversaires aux « discours faciles » qui lui reprochent « de tout bétonner ».
« Non, on ne va pas tout bétonner ! On concilie le développement [de la Métropole, ndlr] avec l’exigence patrimoniale et écologique. »
Un enjeu de développement durable
« Il faut maintenir ces réservoirs de biodiversité. Tout cela est précisément localisé ! « , ajoute-t-il. Avec un objectif chiffré de réduire la consommation de ces ENAF « 50 % » par rapport à la consommation d’espaces observée au cours des 10 années précédent l’arrêt du PLUI-H.
Autrement dit : entre 2013 et 2023, 963 hectares d’espaces naturels ou agricoles ont été consommés à des fins d’urbanisation. Pour la période 2025-2035, il ne faudra pas aller au-delà de 468 hectares consommés. « Il faut maintenir ces réservoirs de biodiversité. Tout cela est précisément localisé ! « , ajoute-t-il.
35% de logements sociaux
« 90 % des logements futurs seront à proximité d’une offre de transports en commun », indique par ailleurs Jean-Luc Moudenc, qui en profite pour indiquer au passage que « le corridor de la ligne C du métro » – qui accueillera selon les prévisions 200 000 voyageurs par jour une fois sa construction achevée – sera « sanctuarisé ».
Le nouveau document prévoit la production de 35% de logements sociaux et au total 60% de logements à prix encadrés ou maîtrisés. « Il faut que l’on puisse se loger ici plutôt que d’être exclu du territoire métropolitain. Plutôt que d’encadrer les loyers, comme le proposent certains, on veut traiter le problème à la racine en encadrant la production de logements », poursuit le maire.
« Une co-construction »
Jean-Luc Moudenc souligne en outre que ce document d’urbanisme a été « co-construit » avec les 37 maires de la Métropole. « Lorsque l’on a arrêté ce document, tous les maires l’ont approuvé et il a reçu l’avis favorable de tous les conseils municipaux ».
En cas d’adoption – plus que probable – par les élus du conseil métropolitain, le nouveau PLUI-H entrera en vigueur une fois l’arrêté du préfet publié… probablement en janvier 2026.
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