À Toulouse, le site clubs-de-rencontres.fr est accusé de prélèvements abusifs et de faux profils. Une arnaque bien rodée autour de messages gratuits, qui piège de nombreux abonnés sans possibilité claire de se désabonner.
« Mon abonnement, censé être terminé depuis trois mois, continue de m’être prélevé sans rappel » explique Bernard*, désemparé. Au total, ce sont 140 € qui sont partis dans les poches du site « clubs-de-rencontres.fr ». « J’ai conscience que ce n’est pas énorme mais s’ils ponctionnent d’autres gens de la même façon, cela commence à faire une jolie somme ».

Comme lui, ils semblent effectivement nombreux à se faire avoir par les pratiques douteuses du site, basé à Toulouse. « Il n’y a aucun contact pour annuler un abonnement pris » peste un utilisateur sur un site d’avis, « vous envoyez un recommandé pour demander la rétractation et le remboursement… Le recommandé n’est pas retiré » écrit un autre.
L’arnaque des 12 messages offerts
La réussite de cette arnaque repose sur un principe simple : les messages gratuits. Lors de l’inscription, douze messages sont offerts afin de pouvoir converser avec un ou une partenaire avant de devoir prendre un abonnement. Dans ce court laps de messages, de faux profils aguicheurs multiplient les contacts, faisant miroiter une relation, pour inciter l’utilisateur à payer un abonnement pour continuer la conversation, qui s’arrête généralement dès la souscription. Une pratique commerciale trompeuse, d’autant que les CGU du site, les conditions générales d’utilisation, ne précisent aucunement l’emploi d’animateurs ou l’utilisation d’une IA à cette fin.
« On m’a déjà affirmé connaître la Place du Maréchal Pétain »
« Ce n’est pas très compliqué de voir qu’il y a énormément de faux profils » détaille Bernard. « Il suffit de donner une adresse inexistante et de demander ce qu’il ou elle pense du lieu et on comprend vite que l’interlocuteur n’est pas d’ici. On m’a déjà affirmé connaître la Place du Maréchal Pétain par exemple » ajoute-t-il.
Une fois l’abonnement prélevé, une autre machine opaque se met en place. Toujours dans les CGU/CGV du site, il est cette fois précisé que « les abonnements sont renouvelables tacitement » et que « la suppression du compte n’entraîne pas le désabonnement ». Une mention piégeuse pour bon nombre d’utilisateurs qui ne lisent pas l’entièreté des petites lignes.
Le gérant s’agace
Questionné sur ces méthodes, Sylvain. S, le dirigeant de la société mère Euroset, nie tout en bloc : « Mon entreprise n’a rien à se reprocher. Nous sommes dans les règles, il n’y a pas de soucis. Il n’y a pas de faux profils, pour ça, c’est clair » explique-t-il, agacé. Conseillant aux personnes qui ont eu des soucis de prélèvement abusifs de « porter plainte », il va même jusqu’à contredire les CGV de son propre site : « Si vous supprimez votre compte, tout se supprime ».
Le gérant déjà inquiété en 1999
Sylvain S. le gérant a refusé de répondre aux questions concernant ses autres entreprises, toutes reliées, et qui semblent afficher des incohérences dans leurs codes NAF ou leur rapport entre elles. Ainsi, Euroset, qui exploite différents sites de rencontres, est indirectement relié à OnlyCall, un site embauchant des hôtesses de téléphone rose, édité par une autre société appartenant à Sylvain.S. Le dirigeant avait, par ailleurs, déjà été mêlé à une histoire similaire en 1999, lorsqu’il avait été mis en examen pour travail clandestin, abus de biens sociaux et faux et usage de faux, après avoir détourné près de 10 millions de francs par an, en embauchant au noir des hôtesses de téléphone rose, selon une source judiciaire.